Amílcar Cabral



French

Amílcar Cabral (12 septembre 1924 – 20 janvier 1973), également connu sous le pseudonyme Abel Djassi, est un homme politique de Guinée-Bissau et des Îles du Cap-Vert. Il est le fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), qui amena à l'indépendance ces deux États colonisés par le Portugal.

Alors que des famines successives provoquent 50 000 morts entre 1941 et 1948 au Cap-Vert, il choisit de s'orienter vers l'agronomie et part étudier à Lisbonne où il demeure jusqu'en 1952. Il y côtoie des militants de la libération des colonies africaines de l'empire colonial portugais. Certains de ces militants deviendront des meneurs de la lutte indépendantiste en Afrique lusophone, occidentale et australe, tels Mário Pinto de Andrade, Agostinho Neto, Viriato da Cruz, qui deviendra le Premier secrétaire du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) tous les trois en Angola, Eduardo Mondlane (fondateur du Front de libération du Mozambique (Frelimo), Mozambique), Marcelino dos Santos et Vasco Cabral. Ils créent ensemble clandestinement le Centro de Estudos Africanos pour promouvoir la culture des peuples noirs colonisés et obtiennent par l’intermédiaire du Parti communiste portugais (également clandestin) des ouvrages jugés « subversifs », anticolonialistes ou révolutionnaires, censurés par le régime de Salazar.

De retour en Guinée-Bissau comme agronome, il est chargé du recensement agricole et parcourt pour ce faire la Guinée pendant deux ans. En 1954, il tente d'organiser sous couvert d'activités culturelles et sportives une organisation politique nationaliste à Bissau. Découverte par les autorités coloniales, l'association est interdite et Cabral expulsé de Guinée. Pendant les quatre années qui suivent, de 1954 à 1958, il travaille pour plusieurs compagnies agricoles, ce qui lui permet d'effectuer de longues missions en Angola. Il s’intéresse particulièrement à la négritude tout en cherchant à dépasser les clivages ethniques entre les peuples d'Afrique, et développe également sa propre analyse du marxisme afin de l'adapter aux conditions africaines.

En 1956, étant autorisé à revenir en Guinée une fois par an, il fonde avec Luís Cabral, son demi-frère (futur président de la République de Guinée-Bissau), Aristides Pereira (futur président de la République du Cap-Vert), Abílio Duarte (futur ministre et président de l’Assemblée nationale du Cap-Vert), et Elisée Turpin le PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et des iles du Cap-vert), organisation alors clandestine dont il est désigné secrétaire général.

En 1961, il est présent au Caire pour la troisième Conférence des peuples africains où il insiste, reprenant la formule de Lénine, sur la nécessité de « l'analyse concrète de chaque situation concrète » pour repousser le colonialisme, soit s'adapter aux réalités de chaque pays plutôt que de chercher de reproduire à l'identique une lutte anticoloniale menée dans un autre pays. Il effectue dans les mois et années qui suivent une analyse détaillée des « divisions et contradictions » des sociétés guinéenne et cap-verdienne, de façon à comprendre quels groupes sociaux sont les plus à même de soutenir la lutte contre le colonialisme.

Parallèlement, il déploie une activité diplomatique très intense pour faire connaître son mouvement et en légitimer l’action auprès de la communauté internationale. En 1972, les Nations unies finissent par considérer le PAIGC comme « véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert ». Amílcar Cabral est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry par des membres de la branche militaire du parti, en relation avec des agents des autorités portugaises, six mois seulement avant l’indépendance de la Guinée-Bissau. Amilcar Cabral ne verra donc jamais la reconnaissance de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert par le Portugal, le 10 septembre 1974, cause pour laquelle il a combattu pendant plus de vingt ans.


English

Amílcar Cabral (September 12, 1924 – January 20, 1973), also known by the pseudonym Abel Djassi, was a politician from Guinea-Bissau and the Cape Verde Islands. He is the founder of the African Party for the Independence of Guinea and Cape Verde, PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), which brought to independence these two States colonized by Portugal.

While successive famines caused 50,000 deaths between 1941 and 1948 in Cape Verde, he chose to focus on agronomy and left to study in Lisbon where he remained until 1952. There he rubbed shoulders with militants for the liberation of African colonies of the Portuguese colonial empire. Some of these militants will become leaders of the independence struggle in Portuguese-speaking, western and southern Africa, such as Mário Pinto de Andrade, Agostinho Neto, Viriato da Cruz, who will become the First Secretary of the Popular Movement for the Liberation of Angola (MPLA) all the three in Angola, Eduardo Mondlane (founder of the Mozambique Liberation Front (Frelimo), Mozambique), Marcelino dos Santos and Vasco Cabral. They create together clandestinely the Centro de Estudos Africanos to promote the culture of colonized black peoples and obtain through the Portuguese Communist Party (also clandestine) works deemed "subversive", anti-colonialist or revolutionary, censored by the Salazar regime.

Back in Guinea-Bissau as an agronomist, he was in charge of the agricultural census and traveled around Guinea for two years to do so. In 1954, he tried to organize under cover of cultural and sporting activities a nationalist political organization in Bissau. Discovered by the colonial authorities, the association is prohibited and Cabral expelled from Guinea. During the next four years, from 1954 to 1958, he worked for several agricultural companies, which allowed him to carry out long missions in Angola. He is particularly interested in negritude while seeking to overcome the ethnic divisions between the peoples of Africa, and also develops his own analysis of Marxism in order to adapt it to African conditions.

In 1956, being allowed to return to Guinea once a year, he founded with Luís Cabral, his half-brother (future President of the Republic of Guinea-Bissau), Aristides Pereira (future President of the Republic of Cape Verde), Abílio Duarte (future Minister and President of the National Assembly of Cape Verde), and Elisée Turpin the PAIGC (African Party for the Independence of Guinea and the Islands of Cape Verde), then clandestine organization of which he was appointed secretary general.

In 1961, he was present in Cairo for the third Conference of African Peoples where he insisted, using Lenin's formula, on the need for "the concrete analysis of each concrete situation" to repel colonialism, or to adapt to the realities of each country rather than trying to reproduce identically an anti-colonial struggle waged in another country. In the months and years that followed, he carried out a detailed analysis of the “divisions and contradictions” of Guinean and Cape Verdean societies, in order to understand which social groups were most capable of supporting the fight against colonialism.

At the same time, he deploys very intense diplomatic activity to publicize his movement and legitimize its action with the international community. In 1972, the United Nations ended up considering the PAIGC as “true and legitimate representative of the peoples of Guinea and Cape Verde”. Amílcar Cabral was assassinated on January 20, 1973 in Conakry by members of the military wing of the party, in connection with agents of the Portuguese authorities, just six months before the independence of Guinea-Bissau. Amilcar Cabral will therefore never see the recognition of the independence of Guinea-Bissau and Cape Verde by Portugal, on September 10, 1974, a cause for which he fought for more than twenty years.

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